Gâteau

C’est la nuit, mon fils se réveille dans sa chambre, je vais le chercher, je le pose à côté de moi dans mon grand lit, impossible de me rendormir. Je finis par allumer mon téléphone, 2h du matin, mes mails, le mail de Vincent, un fichier son en pièce jointe. J’écoute pour la première fois, qualité téléphone, volume assez bas, mon fils dort à côté, c’est la nuit. Je chope des bribes, je loupe des bribes, frustration, infusion nocturne de bribes. Au réveil je m’offre une vraie écoute, j’entre dans la journée, les enfants, le reste. Une autre écoute, deux jours passent. Infusion, propositions à moi-même, je ne décolle pas de l’image de la grand-mère dans sa cuisine, je m’y jetterai. Pendant deux jours la phase d’écriture s’insinue dans les interstices du quotidien, à l’aube avant le réveil des enfants, entre deux temps de travail, hésitations, doute sur la piste empruntée et puis le jour de l’échéance j’appuie sur le champignon, j’y vais à fond, je tente des trucs, je finalise l’écriture et enregistre, montage et hop il est l’heure d’envoyer aux suivantes.

Eloïse Plantrou

Crest (France)
« Une fois appuyé sur le bouton « envoyer », je me suis demandé ce qui m’avait mené à faire cette proposition, la nature de ce texte, j’ai bien vu que j’avais été à la fois habitée de ce qui m’avait été envoyé, mais aussi de certaines discussions vécues pendant ces quelques jours et que je ne pouvais pas me défaire de ce qui venait, il fallait bien tirer un fil alors j’ai tiré. Après coup, je me suis dit que faire un peu vite, douter et ne pas avoir le temps de prendre du recul faisait partie du jeu de cette chaîne de création et qu’il y avait à cet endroit précis quelque chose d’intéressant, de singulier et fragile dans la spontanéité. J’ai vécu ces cinq jours comme une contrainte, comme quand on a une échéance, j’ai dû composer avec mon quotidien et ma vie de famille, mais je ne me suis pas mis la pression en dehors de produire quelque chose, et ça a été plutôt doux et stimulant. »